Paroisse de Rieux

Le clocher de l’ancienne église du 17e siècle se trouvait à l’emplacement de la nef actuelle de l’église, et la nef de l’église se prolongeait à l’emplacement actuel du clocher Ne restent de l’ancienne église que le transept et les deux autels latéraux dédiés l’un à Sainte Anne et l’autre à la Sainte Vierge.

Leur symétrie est irrégulière : l’autel Sainte Anne est plus haut que celui de la Sainte Vierge. Au-dessus du transept, les sablières et surtout les poutres (dont certaines ont été restaurées récemment), ne sauraient passer inaperçues ; pas plus que les retables de Notre-Dame du Rosaire, de Sainte Anne et les autres toiles (1644), ni même les deux autres petites chapelles attenantes, dont l’une a été transformée en fontaine baptismale. Les toiles représentent : A l’Autel de la Sainte Vierge : Le Rosaire, l’Adoration des Nages et la Sainte Famille.

  • A l’Autel de Sainte Anne : Sainte Anne, Saint Joachim et la Sainte Vierge avec comme fond de tableau les tours du château de Rieux ;
  • A droite, le martyre de Saint Julien ;
  • à gauche, Marie-Madeleine. Ces peintures datent du XVIIe siècle. Elles furent exécutées par une troupe italienne au presbytère de Rieux en 1644.

ÉGLISE ACTUELLE

Pour mieux comprendre l’église actuelle, il faut en connaître l’histoire.
Elle remonte à la dernière guerre 1939-1945.
Le 6 Juin 1944, les troupes alliées débarquent sur les côtes de Normandie et avancent rapidement pour la libération. de l’Europe.
Partout des foyers de résistance se lèvent, aidant la progression des troupes alliées et obligeant le recul de l’arrière-garde de l’armée allemande.
Le maquis de Saint Marcel en est un rappel historique. L’occupant n’a d’autre issue que de passer la Vilaine pour se réfugier dans cette région qui sera désormais appelée la « poche de Saint Nazaire ».

Le 4 août 1944, les Allemands réquisitionnent huit charretiers de Rieux pour conduire de l’autre côté de la Vilaine par le pont de la Roche-Bernard ce qu’ils pouvaient sauver.
L’Abbé Émile PONDARD remplace spontanément la fermière de Villeneuve qui se trouvait parmi les huit charretiers réquisitionnés. (Le Pont de Cran que l’on emprunte actuellement vers la Baule n’était pas encore construit) Mais le 8 août, nos charretiers rendus à saint Joachim (tout prés de Saint Nazaire) se sauvent avec leurs chevaux et rejoignent Théhillac à quelques kilomètres de Rieux. A l’aide de complicités, ils passent la Vilaine en barque et rejoignent leur domicile.

Or, voici que depuis quelque temps, la région est en effervescence spirituelle et patriotique. On promène de bourg en bourg une statue de la Sainte Vierge, nommée « Notre-Dame de Boulogne ».
Le jeune Abbé, Émile PONDARD, se fait l’âme de cette révolte pacifique pour le pays. Le 11 Août, en plein jour, à la barbe des Allemands, on fait passer la statue de la Sainte Vierge, en barque, de Théhillac vers Rieux.
Les jeunes gens et jeunes filles font un effort splendide pour la décoration du parcours de la procession, et prient sans interruption toute la nuit.
Le 12 Août, « Notre-Dame de Boulogne » est conduite à Bocquéreux (commune d’Allaire) qui la prendra à son tour en charge. Toute la paroisse et le quartier de Tréfin s’étaient mis en frais pour orner le parcours.
Ainsi dupés, les Allemands qui se trouvent à quelques pas, de l’autre côté de la Vilaine, en veulent à Rieux. Ils pilonnent le bourg et l’église à coups de mortier et font des incursions dans le pays en passant à leur tour la Vilaine, les 15, 18, 19 et 23 août, sans doute à la recherche de résistants, d’armes et de munitions.
Le 15 août, l’Abbé Émile PONDARD, venu avec quelques résistants empêcher les Allemands de traverser la Vilaine, va y trouver la mort.
Le 23 Août, les Allemands, après avoir traversé la vilaine, réquisitionnent, un adolescent de 15 ans, Bernard LEMÉE, qui venait justement à la messe d’octave de l’Abbé Émile PONDARD, pour marcher en tête de leur colonne. Il va être tué odieusement, lors d’un affrontement entre eux et des résistants.
Dans la nuit du 27 Août, les Allemands reviennent à Rieux. Ils mettent de la dynamite dans le clocher et au petit matin, ils arrêtent le curé, l’Abbé PORTIER, son vicaire, l’Abbé BOUVIER et le personnel, les filles BOUCARD
Dans là journée du 28 Août, le clocher saute, écrasant la nef de l’église.

L’Abbé Alphonse THOMMEROT,Constructeur

Le 14 septembre 1945, l’Abbé Alphonse THOMMEROT, natif de Guer, et précédemment vicaire à Ploërmel, est nommé recteur de Rieux avec mission de relever les ruines de la guerre.
Le 7 Octobre 1945, il arrive à Rieux.
Méthodique, l’Abbé THOMMEROT entreprend d’abord de remettre en état les écoles chrétiennes qui avaient beaucoup souffert de l’occupation.
Puis il se lance dans la construction d’une salle de patronage qui servira d’abord d’église provisoire.
Un terrain acquis par Léon GAUDIN des Landréaux et donné à la paroisse, servira d’emplacement.
Aussitôt des équipes de jacistes s’organisent. Ils déblaient, nivèlent, creusent les fondations, amènent les premiers matériaux.
L’entreprise est confiée à Joseph LELIEVRE de Trévolo, et le 23 Juillet 1946 les travaux commencent selon les plans élaborés par Maître CAUBERT DE CLERY, architecte départemental.
Malgré un arrêt, dû au Ministère de la Reconstruction, les travaux pourront être menés à bonne fin.
Sur les entrefaites, en décembre 1945, une équipe d’ouvriers de la Maison RICHER de Redon descendra la grosse cloche de l’ancienne église restée accrochée sur un pan de mur et sera montée sur quatre poteaux dans la cour du presbytère, mais bientôt elle n’est plus qu’un tas de ferraille.
Heureusement, Monsieur le Recteur et Monsieur le Maire de Saint Jean la Poterie mettent gentiment à la disposition de la paroisse de Rieux une cloche de 150 Kg qui sera rapidement installée grâce au savoir faire de deux prisonniers allemands.
Ainsi, les paroissiens pourront être appelés aux offices.
Et le 14 mars 1948, Mgr LE BELLEC, évêque de Vannes, se déplacera, lui-même avec le chanoine LAMOUR, vicaire général pour bénir la salle paroissiale.
Après deux ans de travaux, Monsieur CAUBERT DE CLERY a enfin fini d’élaborer le plan de l’église.
A l’instigation de Monsieur THOMMEROT, il ne s’agissait pas de copier telle ou telle église, mais d’utiliser le meilleur de la bâtisse ancienne tout en donnant la marque du 20e siècle au nouveau monument.
D’une largeur de 16 mètres, la longueur sera de 45 mètres, et les voûtes se dresseront à 9 m 50.
Le porche avec sa tour montant à 36 m 50 prendra la place de l’abside (extrémité de l’église derrière le chour).
Pendant ce temps, l’infatigable recteur rassemble matériaux et argent
La commune vote un emprunt de 6 000 000.
La Reconstruction apporte un dommage de guerre de 5 911 000.
Le Conseil Général vote une subvention de 2 000 000.
La paroisse prend à sa charge 5 600 000 qui seront fournis en matériaux de toutes sortes et en main-d’ouvre bénévole.
En réalité la paroisse fournira l’équivalent de 8 000 000.
En Octobre 1949, les travaux commencent sous la responsabilité de l’entreprise MORICE de Redon. Les ruines sont déblayées. Les fondations sont creusées en trois semaines par une équipe de bénévoles venant de tous les villages de la paroisse.
Et les premiers jours de novembre, les murs commencent à sortir de terre.
Le 6 novembre 1949, a lieu la bénédiction de la première pierre de la nouvelle église par Monsieur le Chanoine RIFFAUT, curé doyen de la Roche-Bernard, enfant du pays. Mais le 20 janvier 1950, les travaux arrêtent brusquement sous prétexte d’un « tassement de murs ». En réalité, il manque. de l’argent frais.
Les travaux ne reprendront que le 2 mai. Ils arrêtent de nouveau en Juillet pour la période des congés et reprennent le 2 octobre 1950.
Heureusement, les paroissiens viennent renforcer l’équipe de maçons et apportent leur précieux concours.
La charpente métallique sera posée à partir du 19 février 1951.
En avril 1951, les travaux de toiture et de zinguerie débutent par l’entreprise de Monsieur CHEVAL de Sainte Marie, aidé de Monsieur RIALLIN de Renac.
Le 10 septembre1951, les voutiers de la Maison ANCELIN de Nantes attaquent à leur tour.
La voûte sera achevée le 15 mars 1952.
Les vitraux du choeur et des transepts seront exécutés et mis en place par le Maître verrier Job GUÉVEL de Pont Aven, et seront prêts pour le dimanche de Pâques 1952.
A partir du dimanche de Pâques, la messe sera célébrée à l’église.
Le 10 Août 1952, aura lieu la consécration de l’église par Mgr LE BELLEC, évêque de Vannes. Ce fut assurément une cérémonie grandiose dont les paroissiens de Rieux gardent encore le souvenir.
Mais l’Abbé THOMMEROT ne pense qu’à une chose, c’est d’achever l’ouvre commencée.
De son exil momentané où il doit prendre une repos de deux mois sur la côte ouest du midi de la France, aussitôt la consécration de l’église, il ne rêve qu’au futur clocher : arrêter un plan définitif, obtenir les autorisations préfectorales, le permis de construire, trouver au moins sur le papier les fonds nécessaires et donner des engagements.
Le 12 août 1955, a lieu à la Mairie l’adjudication de la deuxième tranche de travaux, comprenant la restauration de la partie ancienne conservée, le nouveau porche.
La construction de la tour et de la flèche seront la part paroissiale.
C’est Monsieur RICORDEL de Redon, qui, avec un rabais de 3%, va prendre la charge des gros travaux.
La démolition et le creusement des fondations se font avec le concours de bénévoles. (A un mètre de profondeur, on trouve une superbe pierre d’autel biseautée en granit qui servira d’autel à la Bienheureuse Françoise d’Ambroise, descendante de Marie de Rieux, et des pierres ouvragées, restes d’un édifice précédent).
Le 22 mai 1955, les ouvriers de l’entreprise RICORDEL commencent le gros oeuvre. Le 13 Juin, l’Abbé THOMMEROT bénit la première pierre de la tour en présence des ouvriers, de quelques prêtres et des enfants des écoles.
Il en avait acheté toutes les pierres taillées et non taillées à une entreprise en faillite, si bien qu’une partie put être cédée à Monsieur le Curé d’Allaire pour le couronnement du Moulin de Brancheleux.
La flèche en granit bleuté, venant de la région de Louvigné du Désert, fut exécutée uniquement par des ouvriers de Rieux, sous la direction de Pierre LAMBERT du Val, René et Jean LECOINTRE et Jean MAHEAS de la Bande.

Le 4 août 1956, le coq put être hissé sur son perchoir.

Doyenné d’Allaire – Presbytère Rue Saint-Hilaire – 56350 ALLAIRE